L’année 867 marque un tournant important dans l’histoire de l’Italie médiévale. C’est l’année où se déroule la bataille de Garigliano, un affrontement sanglant entre les forces du Royaume lombard, dirigées par le roi Louis II d’Italie, et celles du Prince de Capoue, Pandulf I. Ce conflit violent, motivé par des rivalités territoriales ancestrales et des ambitions dynastiques exacerbées, aura des conséquences profondes sur la future configuration politique de la péninsule italienne.
Pour comprendre l’enjeu crucial de cette bataille, il faut remonter quelques années en arrière. À la fin du VIIIe siècle, Charlemagne, empereur d’Occident, avait réussi à soumettre les Lombards et créer un vaste royaume comprenant une grande partie de l’Italie du Nord. Après sa mort, son empire fut divisé entre ses successeurs, ce qui entraîna une période de fragilisation et d’instabilité politique.
C’est dans ce contexte tumultueux que le prince lombard Louis II tenta de réaffirmer l’autorité royale sur le territoire italien, affrontant notamment les puissants princes du sud, dont Pandulf I de Capoue. Ce dernier, ambitieux et puissant, souhaitait étendre son influence territoriale en direction du nord. La bataille de Garigliano devint alors une confrontation incontournable pour déterminer qui allait contrôler la péninsule italienne.
Des forces en présence:
Les deux armées se rencontrèrent au bord de la rivière Garigliano, dans le Latium actuel. L’armée de Louis II était composée principalement de soldats franques et lombards, tandis que celle de Pandulf I rassemblait des troupes italiennes du sud, grecques, sarrasines et même byzantines.
La bataille fut longue et acharnée, marquée par des charges héroïques et des escarmouches sanglantes. Les sources historiques témoignent d’un affrontement brutal où les deux camps déployèrent toutes leurs forces.
L’issue incertaine de la bataille:
Malgré l’importance numérique de l’armée de Louis II, ce dernier fut finalement vaincu. La défaite de Garigliano marqua un tournant décisif dans l’histoire du Royaume lombard. Cette perte territoriale ouvrit la voie à une fragmentation progressive du royaume et contribua à affaiblir l’autorité royale en Italie.
Pandulf I de Capoue, vainqueur de la bataille, consolida son pouvoir dans le sud de l’Italie. Il se lança dans une politique d’expansion territorial et devint un acteur majeur de la scène politique italienne du IXe siècle.
Les conséquences politiques et religieuses:
La Bataille de Garigliano eut des répercussions profondes sur la vie politique et religieuse en Italie:
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Déclin du Royaume lombard : La défaite de Louis II marqua le début d’une période de déclin pour le Royaume lombard. Les princes locaux, encouragés par la faiblesse de l’autorité royale, se révoltent régulièrement contre le pouvoir central.
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Montée en puissance des Papes: Le vide laissé par la faiblesse du Royaume lombard permit aux Papes de Rome de gagner en influence et en prestige. Ils devinrent les principaux arbitres de la vie politique italienne et jouèrent un rôle croissant dans les conflits qui opposaient les différentes factions italiennes.
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Emergence des États italiens: La bataille de Garigliano contribua à l’émergence progressive des premiers États italiens indépendants, tels que le Duché de Naples et le Royaume d’Italie du Sud.
Conclusion:
La bataille de Garigliano, bien qu’étant souvent oubliée dans les manuels d’histoire, fut un événement crucial qui marqua profondément l’histoire de l’Italie médiévale. Elle entraîna la chute du Royaume lombard et ouvrit la voie à l’essor du pouvoir papal et à la formation des premiers États italiens. Cette bataille, symbole de lutte pour le contrôle de la péninsule italienne, nous rappelle l’importance des événements oubliés dans la compréhension de notre passé.